L’arbre qui cache la forêt, en ce moment, c’est L’anatomie du scénario, de John Truby. C’est LE LIVRE que je suis censé finir avant de passer à toute autre lecture. C’est le livre qui m’empêche d’en lire d’autres. Il réclame de moi un amour exclusif. Il est très jaloux. Je le trouve un peu lourd (et je ne dis pas ça seulement parce qu’il est gros). J’ai commencé ce livre en février. j’en ai avancé la lecture puis je me suis arrêté à la page 344. Le chapitre suivant est consacré à l’intrigue. C’est mon point faible, l’intrigue. Je suis assez à l’aise avec l’idée d’improviser tout un roman avec juste une idée de départ et quelques personnages en tête, mais faire en sorte qu’il se passe vraiment quelque chose d’intéressant, qu’il y ait des rebondissements, des péripéties, je ne sais pas faire. Donc, ce livre est fait pour moi (Enfin, façon de parler, il a été écrit pour des scénaristes professionnels, à la base ; Truby, il ne me connaît pas, il ne sait même pas que j’existe.). Et comme par hasard, je bloque pile devant le chapitre sur l’intrigue. A n’en pas douter, quand j’aurai fini de lire ce livre, il m’aura changé. Il y aura un avant et un après. Après avoir lu Truby, je n’aurai plus aucune excuse pour ne pas écrire un bon roman, ou au moins essayer. Je n’aime pas les livres qui me changent. Je voudrais ne pas changer. Je voudrais rester celui que j’étais il y a dix ans. Je résiste au changement. Pourtant, il y a du bon à changer, parfois : on se bonifie, on progresse, on change en mieux. Mais le mieux me fait un peu peur. Peut-être à cause de l’expression « Le mieux est l’ennemi du bien ». A vouloir faire trop bien, parfois, on va trop loin, on dépasse le but que l’on s’était fixé. On se perd. Parfois, entre le brouillon de manuscrit et le tapuscrit, on a le sentiment d’avoir perdu quelque chose en route. Les annotations, les ratures, les trucs griffonnés. On se retrouve avec un texte propre… mais il manque quelque chose. On est envahi par la crainte diffuse de n’avoir pas réussi à transvaser la créativité du premier jet jusque dans le manuscrit final. Bref, il me faut finir ce foutu livre… mais mon inconscient résiste, il freine des quatre fers : « Non, Hervé, reste comme tu es, change rien ! »

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